SENDRA relève le défi grâce à un dispositif qui a fait ses preuves

Avec plus de 24 000 ha de forêt partis en fumée, et une dizaine de victimes dont trois pompiers, 2003 fut une année tragique en région PACA.
Dans le Massif des Maures, les flammes se sont propagées sur environ 16 kilomètres en l’espace de quatre heures, avec des pointes à 6 km/h… Un enfer qui reste marqué au fer rouge dans les mémoires.

Dans le Var, la seule région de France à avoir élaboré un dispositif « chantiers extérieurs justice » aussi performant. Que ce soit aux travers des partenariats financiers mis en place entre les instances régionales et nationales, ou bien sur la base des accords établis entre les institutions judiciaires et pénitentiaires, ou encore l’articulation des collaborations mise en place entre les juges d’application des peines, les SPIP* et les associations, chaque acteur de ce dispositif a participé à son succès.
Au-delà de ce satisfecit, nous avons choisi de rencontrer les travailleurs sociaux et les détenus, premiers bénéficiaires du dispositif. Ils s’appellent Olivier, Marc ou Laetitia, ils sont en fin de peine ou viennent tout juste de décrocher leur CDI et ils nous font partager leur vécu, souvent douloureux mais toujours porteur d’espoir.
Certains trouveront qu’on en fait trop pour ces gens qui ont fauté et trop peu pour les victimes, d’autres, a contrario pesteront contre ce système pénitentiaire qu’ils jugent anachronique et indigne d’une nation inspiratrice des droits de l’homme.
Nous préférons laisser ce débat aux politiques et nous contenter de nous en tenir à ce que l’on sait faire : agir pour que des hommes et des femmes, une fois leur dette payée à la société, trouvent le chemin de l’intégration et échappe à l’engrenage de la récidive.

  • SPIP : Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation

Une version républicaine et laïque de la rédemption

Dans le cadre d’un chantier extérieur justice, le détenu est contractuellement considéré comme un salarié de droit commun. Son CDD, établi sur la base du SMIC, lui donne les mêmes droits qu’un travailleur lambda. On entend déjà d’ici les voix discordantes de certains grincheux atrabilaires outrés par ce traitement trop « normal » à leur goût. Alors que ces personnes se rassurent, car le bénéficiaire ne percevra pas la totalité de son salaire, puisque dans le cadre de l’accord cadre passé avec l’administration pénitentiaire,
le condamné est tenu d’indemniser sa (ou ses) victime(s), la somme pouvant atteindre plus de 50% de sa paie. D’autre part, un pourcentage de son salaire, est aussi prélevé à la source pour lui permettre de constituer un pécule libérable, qu’il retrouve à la fin de sa détention (épargne qui évite la « sortie sèche » et limite les risques de récidive).
Mais la réinsertion est un cheminement complexe qui passe par bien des étapes,
à commencer par le regard des autres.

L’indemnisation des victimes

Dans le cadre des chantiers de débroussaillage, le condamné se retrouve à remplir une tâche éminemment citoyenne en ce qu’elle est non seulement utile à la collectivité mais aussi et surtout potentiellement de nature à sauver des vies humaines. Alors, lorsqu’un condamné se retrouve avec une débroussailleuse en mains, face à un maire venu justement serrer cette main en soulignant la difficulté de sa tâche, c’est un pas de plus franchi vers la réinsertion. Lorsque qu’un riverain, vient lui apporter un plat chaud pour le remercier de préserver sa maison, c’est encore un grand pas franchi sur ce chemin caillouteux de la rédemption.
C’est sans doute pour cela que la récidive de ces volontaires est de moitié inférieure à la statistique moyenne, comme l’illustre si bien Gérard : « J’ai 27 ans, 3 incarcérations, pas de formation, si l’on m’avait donné cette chance plus tôt, je ne pense pas que je serai encore là aujourd’hui ».

  • ECHOMEDIAS N° 08 – FEVRIER 2010Par Jacques Dor

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