Les nouveaux territoires de l’insertion
Interview de Pierre Langlade
Que des I.A.E. soient capables de reprendre des entreprises
Echomédias : Quelle est la mission du COORACE ?
Pierre Langlade : L‘enjeu fondamental pour le COORACE aujourd’hui est d’être une fédération au service de l’emploi, de l’insertion et du développement de territoires solidaires.
Echomédias : Quelle est votre stratégie pour remplir votre mission ?
Pierre Langlade : Nous avançons sur deux axes. D’une part en mettant en place des parcours d’accès à l’emploi et des nouveaux modes de gouvernance afin d’ améliorer et sécuriser le statut et faciliter l’accès au droit et à la formation des personnes en situation précaire.
Echomédias : Cela doit probablement passer par une transformation des mentalités, non ?
Pierre Langlade : Certainement, si l’on considère que nous travaillons à accroître la participation des salariés à la vie de l’entreprise. C’est un élément fondamental à nos yeux.
Echomédias : Faire évoluer les modes de management est louable, mais en cette période de crise, il faut également être en mesure de générer des créations d’emplois.
Pierre Langlade : Tout-à-fait ! C’est pourquoi j’évoquais le développement de territoires solidaires. Nous souhaitons que des I.A.E. soient capables de reprendre des entreprises qui ferment et de les développer. Sendra est un parfait exemple de la dynamique que peut créer une structure solidaire en termes de diversification et de création de nouveaux espaces d’emploi.
A service égal, la qualité est la même
Echomédias : Revenons sur ces nouveaux territoires. Quel regard posez-vous sur les collaborations conventionnées que nous développons avec les collectivités locales.
Pierre Langlade : Je pense que cette démarche est doublement favorable à ces collectivités. D’une part en ce qu’elles mènent ainsi une politique concrète en faveur de leurs administrés les plus fragilisés. D’autre part, ces collectivités génèrent ainsi de l’emploi sans que cela leur coûte plus cher.
Echomédias : Certains craignent pourtant, on peut le comprendre, que cela nuise aux entreprises locales.
Pierre Langlade : Il faut savoir que les activités liées à l’I.A.E. représentent en fait une proportion absolument négligeable au regard de l’activité économique classique. C’est dérisoire.
Echomédias : Quelle est la différence fondamentale entre un service rendu par une entreprise privée et celui rendu par un IAE ?
Pierre Langlade : A service égal, la qualité est la même. Seul le délai peut être plus long avec l’IAE. Quant au coût, il est variable selon les structures, mais il est généralement équivalent avec, en prime, une vraie politique d’insertion et de développement durable.
Echomédias : Le G.E.S.* est-il une voie juridiquement carrossable pour développer ces nouveaux territoires ?
Pierre Langlade : Absolument !… Nous disposons aujourd’hui de tous les outils juridiques, élaborés par nos experts, pour investir ces nouveaux territoires économiques combinant, par exemple, les IAE et les entreprises privées. Une alternative économique a toute sa place aujourd’hui.
* Les GES (Groupes Economiques Solidaires) sont nés d’une démarche volontaire et pragmatique de plusieurs structures adhérentes COORACE.
- ECHOMEDIAS N° 09 – JUIN 2010